JEAN-PIERRE
DALEAS
(1796-1875)

Jean Pierre Daléas est né le 6 pluviôse an IV (26 janvier
1796), son père est cultivateur, son grand-père arrive à Tarbes
de Montgaillard en 1714 pour se marier. Son oncle, notaire,
installé dans la vie politique de la ville, influencera sans
doute son choix professionnel ; lui mettra-t-il sans doute
le pied à l'étrier ? Il épouse en 1826 Hélène Senmartin de
même origine et même niveau social que lui. Son ascension
sociale sera rapide, quittant le quartier artisanal et agricole
de sa naissance pour celui plus cossu et des lieux de pouvoir
qu'est le centre ville. " Il accède parmi les plus hauts imposables
", sur la liste électorale de 1835 avec un impôt de 81,31
F, il est en cent quatorzième position et sur celle de 1846
avec 103,86 F d'imposition il est en cent soixante sixième
position. Sa fortune sera toute personnelle. Le terrain avait
été préparé par son père, laboureur, qui eut un pécule suffisant
pour acheter quelques journaux de terres labourables lors
de la vente des biens nationaux, et laissant à sa mort, en
l'an XII, une somme confortable de 4380 F. Quelles chances
favorisèrent les débuts de Jean Pierre ? Si les raisons qui
ont aidé à construire sa richesse nous échappent, l'importance
des créances à sa succession laisse supposer que les prêts
d'argent arrondissent ses émoluments de notaire. Les circonstances
lui furent favorables car à la lecture des successions l'endettement
en Hautes-Pyrénées est assez répandu. " L'usure est une des
causes spoliatrices de l'avoir des petits propriétaires …
La propriété foncière est en partie grevée d'hypothèques ;
l'agriculteur qui ne récolte que peu de produits a souvent
besoin d'avoir recours aux capitalistes pour ses travaux de
l'année " .
Au conseil municipal, il occupe un siège presque sans interruption
de l'année 1824 jusqu'à sa mort en 1875. Il officiera près
de cinquante ans aux affaires de la commune servant tous les
régimes. Lors du passage de la Restauration à la Monarchie
de Juillet, il assura les fonctions de maire. Son oncle Jean
se trouva dans la même situation lors du passage de Napoléon
Ier en 1808. Il sera nommé premier adjoint par les administrateurs
de la Restauration et de la Monarchie de Juillet. En 1848,
pendant la période révolutionnaire, seule la tête du conseil
municipal change. Le maire, Ferré, et ses deux adjoints, Lacay
et Daléas, " démissionnent comme officiers municipaux mais
entendent conserver leur qualité de conseiller pour que l'administration
nouvelle puisse compter sur tout leur zèle et tous leurs efforts
pour le succès des mesures qui peuvent toucher l'intérêt de
la cité et prospérité de la patrie ". Ils s'acquitteront de
leur tâche sous la présidence de Bordes (1848-1849) à la Commission
municipale créée par le commissaire de la République puis,
sous son mandat de maire (1849-1852). Dominique Artiguenave
et Dominique Duplan étaient des leurs. Les électeurs garderont
les mêmes conseillers aux élections de 1849 et 1852. Le prince-président
nommera en 1852 Joseph Marie Ferré maire. Il fut aussi conseiller
municipal sous la Monarchie de juillet et pendant la République.
A la veille de la chute de l'Empire, lors des élections municipales
d'août 1870, Jean Pierre Daléas est élu avec Antoine Brauhauban
et Lucien Théophile Figarol. Une affiche électorale pamphlétaire
de cette période le caricature ainsi : " saluez et bien bas,
cette intelligence toujours jeune et cette probité antique
" . D'octobre 1870 à mars 1871, il ne fait pas parti de la
municipalité provisoire présidée par Deville, républicain,
où M. de Lagarde, bonapartiste, est quand même nommé maire,
et Bouzigues et Frogé adjoints. Mais cet exercice fut court.
Le nouveau régime lance des élections municipales pour les
30 avril et 7 mai 1871. Deux listes sont en présence, celle
des "Anciens conseillers municipaux " à tendance conservatrice,
et le Comité républicain. " Indépendant ", Antoine Brauhauban
y est élu onzième. Les électeurs donnent la majorité aux anciens
conseillers dont faisait partie Jean Pierre Daléas, élu treizième.
Le maire sera Bouzigues. Pourtant, dans les jours qui précédèrent
l'élection, les Républicains ne furent pas avares de reproches,
ils accusaient les futurs élus de profits personnels, de favoriser
leurs propres intérêts, même en matière d'urbanisme, d'endettement,
d'improductivité des dépenses, et d'avoir voté des budgets
déficitaires. Par contre, le Comité républicain qui avait
axé sa " campagne " sur une bonne administration des finances,
sur la publication des délibérations et l'instruction laïque,
fit l'éloge de la Commission provisoire qui avait tout fait
pour éponger la dette. Au deuxième tour, pour les six conseillers
municipaux restant à élire, les électeurs choisirent quatre
républicains. Charles Dupouey, des leurs au début, évincé
par ses partenaires lors du second tour, les traite de " jouvenceaux
politiques ", " de surnuméraires en démocratie qui resteriez
fruits secs au premier examen es-républicanisme " et les accuse
d'avoir " sottement entraîné les démocrates dans la voie d'une
défaite partielle, alors qu'une victoire complète était certaine
".
Mais activité politique et professionnelle ne suffisent pas,
d'autres éléments rentrent en jeu. L'ascension sociale se
renforcera par le mariage de sa fille avec Hyppolite Artiguenave
le 12 novembre 1851. Il était en 1820 frère maçon de la loge
de la Paix de l'Orient de Tarbes et en 1821 maître orateur-adjoint
.Sous l'Empire les loges maçonniques ont la réputation d'être
inféodées à la dynastie napoléonienne et après le départ du
clergé et de la noblesse elles ont attiré les bourgeois libéraux.
En 1847, il est un des nombreux signataires de la souscription
pour les messes à Napoléon Ier. En 1850, le préfet le désigne,
ainsi que le maire Ferré, comme correspondant dans le département
pour l' " Association pour la propagande anti-socialiste et
pour l'amélioration des populations laborieuses " sise à Paris
. Il est élevé au grade de chevalier de la Légion d'honneur
en 1867.
C'est aussi " Le notaire ", celui des grandes familles tarbaises.
Cependant il est implicitement soupçonné par Antoine Brauhauban
d'avoir favorisé l'héritage de sa belle-sœur Rose Dutroc,
épouse de Victor Brauhauban . Il est aussi membre du Comité
local de l'instruction primaire.
La culture compléte cet arsenal de critères bourgeois, Jean-Pierre
Daléas est membre du Cercle littéraire de Tarbes.
Il décède le 26 février 1875, laissant une fortune qui avait
un revenu total de 5094,65 F et un capital de
101.893 F.
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Source:
Archives municipales ( Monique Certiat )