VINCENT LUPAU
(1829 - 1915)

Vincent LUPAU est né à Argelès
le 05 Février 1829 d' un père cordonnier. Des
études de pharmacie à Paris , où il est
diplômé de l' Ecole supérieure, et un
mariage avec Geneviève Davantès, fille d' un
capitaine chevalier de l' ordre impérial de la Légion
d' honneur, l' introduisent dans la bourgeoisie locale.
C' est sous ses mandats, 1882 et 1892 que naît le projet
de construire un nouvel hôtel de ville, place de la
Portète.
Selon Louis Caddau, "il parvenait à menr de front
ses occupations professionnelles et celles très lourdes
aussi que lui procuraient les fonctions de maire et de président
du tribunal de commerce".
"Pharmacien achalandé", pratiquant depuis
1850, il est aussi chocolatier, installant sa fabrique près
de son officine, 7 rue des Grands-Fossés. Au XIX°
siècle, pharmacopée et chocolaterie étaient
intimement liées; en plus des subtances qu' ils préparaient,
les pharmaciens pouvaient commercialiser d' autres produits
et pratiquer des activités manufacturières.
A cette époque ils étaient les seuls à
distribuer le cacao ainsi queles épices, ils mettaient
au point le chocolat qui entrait dans les soins apportés
aux malades ou bien dans les préparations en tant qu'
excipient. Dans les Hautes-Pyrénées, les fabriques
de chocolat sont prospères, " il est rare qu'
un étranger ne se rende aux eaux sans faire provision".
Son métier l' entraîne dans des fonctions annexes.
Membre du Conseil d' hygiène publique et de salubrité
depuis 1859, il fait partie des trois inspecteurs qui contrôlent
les officines et les magasins de droguiste.
Juge, depuis 1860, et secrétaire au tribunal de commerce,
il en devient président de 1885 à 1887.
De 1907 à 1913, il reste membre de la commission sanitaire
de l' arrondissement de Tarbes.
Activités sociales et professionnelles riment facilement
avec politique. Dans la municipalité Bouzigues (1871-1875),
en tant que conseiller municipal et dès 1874, Vincent
Lupau est de la faction libérale et progressiste dirigée
par Antoine Brauhauban, maire de 1875 à 1877, mort
accidentellement. Molard, son successeur, déchaîne
hostilités et rancunes. Soupçonné d'avoir
signé des remboursements d'assurance survéalués,
protestant, il est surtout accusé de substituer l'enseignement
laïque à l'enseignement congréganiste dans
les écoles de la ville. A sa démission, fin
1881, le préfet présente au ministre deux candidatures,
celle de Michelier et celle de Lupau. Considéré
comme factieux et par peur d' une nouvelle crise, ce dernier
est dans un premier temps écarté.
Cependant après une élection partielle, l'autorité
rassurée sur l'ambiance politique au sein du Conseil
municipal désigne Lupau comme maire de Tarbes et signe
son décret de nomination le 05 Janvier 1882. Les craintes
du préfet étaient pourtant justifiées.
Mis en minorité par le groupe du docteur Sempé,
"véritable chef de la municipalité",
le maire, ne pouvant soutenir sa vision des choses concernant
la halle Marcadieu, démissione en Avril. Charles Févélas
lui succède; au décès de ce dernier en
avril 1883, Vincent Lupau le remplace, il sera reconduit aux
élections municipales de 1884 pour quatre ans. Sous
sa conduite," le Conseil municipal est aujourd' hui très
homogène et actif". Pourtant les républicains
restent divisés.
Aux élections de 1888, les deux partis, bien qu'ayant
fait acte d'adhésion commune à la politique
du gouvernement, constituent deux listes différentes
contre les "réactionnaires" qu' étaient
Marcassus, Artiguenave, Baïle, Marre, et Cardeillac.
Il y a en présence d'une part les conseillers sortants
avec Lupau, Dazet, et Nelli et d'autres part "ceux de
l'ancien conseil municipal" dont les chefs de file sont
Jean Sainte-Marie et Ulysse Sempé. Ces derniers remportent
les élections.
A l'échéance municipale de Juin 1892, les conservateurs
ne se présentent pas.. "L'opposition à
la République est modérée". Mais
les républicains doivent maintenant compter avec gaston
Dreyt et Léopold Dasque, radicaux qui leur refusent
l'alliance. A " l'Union républicaine" conduite
par Lupau, soutenu par le journal conservateur fraîchement
rallié à la République, l'Ere Nouvelle,
est opposé le comité républicain,
qui regroupe la liste sortante qui vient d'administrer la
ville pendant quatre ans.
D'aprés Louis Caddau, ce fut la fontaine Duvignau qui
valut à Vincent Lupau une nouvelle victoire. Au début
de l'année, autour de ce monument, l'assemblée
toujours divisée avait trouvé un autre sujet
de discorde comptant d'un côté les partisants
d'une fonte industrielle "oeuvre de marchands de robinets",
et de l'autre les adeptes d'une création locale. Le
22 Janvier 1892, Vincent Lupau, "aussi épris d'art
que dévoué aux gloires locales", soutenu
par son ami le statuaire Nelli, sut convaincre une partie
du Conseil municipal de la supériorité d'une
oeuvre originale. En Mars, l'exposition de la maquette par
les artistes Edmond Desca, Louis Mathet et Jean Escoula "souleva
l'enthousiasme des administrés tel qu'il remporta les
élections du 15 Mai à une voix de majorité".
"Il considérait la réalisation de cette
belle oeuvre comme son principal titre de gloire, comme l'acte
le plus méritoire de son active administration".
Aux élections partielles de 1894, arrivent de nouveaux
conseillers, adversaires du maire. Ainsi, mis en minorité,
il démissionne, désavoué pour son budget
et sa proposition d'augmentation des tarifs de l'octroi. Le
préfet propose de dissoudre le Conseil Municipal "car
la population désire la fin d'une crise (..) la situation
de la ville laisant beaucoup à désirer",
à nouveau, Lupau cède la place à Jean
Sainte-Marie.
Il avait créé de nouvelles écoles, des
cantines scolaires, transformé la place Maubourguet,
contruit l'abattoir et l'octroi de la route de Vic-Bigorre,
ouvert l'avenue de la gare, installé le kiosque des
Allées-Nationales et aménagé des promenades
sur les bords de l'Adour. C'est lui qui donne le coup d'envoi
pour la construction d'un hôtel de ville. En 1887, en
vertu d'un constat antérieur, Vincent Lupau nomme une
commission composée de deux architectes et du statuaire
Nelli pour étudier l'amélioration de la place
de la Portète ainsi que la construction d'une nouvelle
mairie. Le 10 avril 1892, la séance du Conseil municipal
propose un programme de financement d'un montant de 500 000
francs, où arguments esthétiques, où
économiques qui visent à faire baisser le chômage
en donnant du travail aux ouvriers ainsi qu'identitaires sont
invoqués.
C'est Georges Magnoac, son adversaire, qui concrétisera
l'entreprise. De toute façon, au fil des élections
municipales, le projet fit la quasi unanimité. Les
principales listes en présence sont convaicues de la
nécessité de la construction d'un nouvel hôtel
de ville. La carrière municipale de Vincent Lupau s'éteint
lentement; resté conseiller aux élections de
1896, son aura amoindrie, il ne se représentera plus.
Il meurt le 16 Octobre 1915 à son domicile, 7 rue des
Grands-Fossés.
: Vincent Lupau
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