CHARLES DU POUEY
(1824-1914)

Discours de M. Roquette-Buisson, aux obséques
du regretté M. Charles du Pouey:
Au nom de la Société Académique des
Hautes-Pyrénées, je viens, avec une vive et
douloureuse émotion, saluer une dernière fois
notre vénéré président honoraire
Charles du Pouey.
Plusieurs fois président de notre société,
fondée en 1853 par lui et quelques-uns de ses amis,
jamais, même lorsque à raison de son kge il en
abandonna les fonctions, il ne se désintéressa
de ses destinées, et demeura un des membres les plus
zélés de notre comité.
C' était auprès de lui que nous aimions à
nous grouper pour connaître les mille incidents de la
vie de notre société, doyenne de celles du Sud-Ouest.
Causeur aimable et fin, il aimait conter les faits d' autrefois,
ses souvenirs l' entrainaient rapidement à parler des
gens et choses de la Bigorre, surtout de tout ce qui touchait
à la ville de Tarbes à laquelle il avait voué
une affection passionnée. Nul mieux que lui n' en connaissait
les nombreuses anecdotes, avec lui on revivait tout un long
passé. La tristesse, que la mort apporte toujours avec
elle, s' augmente lorsqu' elle frappe des hommes comme Charles
du Pouey, d' une grande et profonde mélancolie en voyant
devenir de l' histoire et s' estomper peu à peu dans
les brumes du passé, ce qui hier encore était,
grâce à eux, la chronique vivante d'une époque
déja lointaine.
Il était un des derniers survivants de cette période
pendant laquelle la littérature fut si en honneur,
de cette période pendant laquelle on avait le temps
de causer, et où tout le monde, semble-t-il, aimait
à traduire ses sentiments, ses idées en prose
aisée, en vers faciles. Charles du Pouey était
resté l' homme de cette époque. Esprit prompt,
alerte et vif, il n' aimait pas s' astreindre aux longs travaux,
son oeuvre littéraire se compose surtout d' articles
d' actualité, de pièces de poésie dans
lesquelles il se complaisait à exprimer, au courant
de la plume, les sentiments qui l' agitaient, ses impressions
du moment. Avec esprit, il disait, en vers charmants, le nombre
de ses années, en vers vibrants de patriotisme il saluait,
aux premiers bruits de guerre, la fière et martiale
allure des soldats qu' il voyait passer.
Il eut été heureux, si la mort ne l' eut pas
trop tôt enlevé, de célébrer les
victoires de nos armées, et surtout de dire à
son fils, à ses gendres son orgueil de les voir si
noblement remplir leur devoir.
A eux, à Madame du Pouey, à ses filles, la Société
Académique exprime ses plus respectueuses, ses plus
douloureuses sympathies. A Charles du Pouey, notre président
honoraire, notre ami, avec la certitude du revoir dans une
vie nouvelle, j' apporte un dernier et suprême hommage.
Source : Journal des Pyrénées du 15 décembre
1914
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