GASTON HECHES
Chère Amie,
Mesdames et Messieurs,
Chers Compagnons de la Résistance,
Un grand ami certes, mais aussi un grand
et pur Résistant n' est plus. Il s' appelait Gaston
HECHES.
Mon bien cher Gaston, avant de quitter ce monde, tu avais
demandé à me revoir. Hélas, je n' ai
pu te joindre et j' en ai le coeur doublement ulcéré.
Quoi qu' il en soit et bien qu' entre vieux compagnons, nous
n' avions pas l' habitude de nous payer de mots, permets-moi
d' en user aujourd' hui pour rendre le pieux hommage que tous
nous devons à ta mémoire ! Cependant soit rassuré,
je serai aussi bref que possible.
Gaston HECHES dit "Tristan" naquit le 14 Novembre
1900 à Barzun, commune des Pyrénées Atlantiques.
Il était le quatrième d' une famille de sept
enfants. Très tôt, il s' orienta vers l' Hostellerie
et la restauration mais il devait surtout s' enrichir d' amitié.
Quand retentit l' Appel du 18 Juin 1940, faisant suite au
désastre de nos armées et à l' invasion
de la France, Gaston HECHES sentit en lui ressurgir cet ardent
patriotisme joint à la passion de la Liberté,
fruits sacrés de l' amour du terroir entretenu par
ses éducateurs et son milieu familial. Dés lors,
et malgré un grand handicap physique, il se lance à
corps perdu dans la Résistance, soutenu dans cette
action par sa chère et admirable épouse. Sans
trève ni repos, il communie avec les Forces Françaises
combattantes et devient rapidement une figure marquante du
Réseau Alexandre-Edouard qui constitue la chaîne
d' évasion du S.O.E rattaché au War Office.
Son principal ami et adjoint est alors MAUPEYRA dit "Ludo"
de Bordéres-sur-Echez.
Puis, arriva le jour de la Libération et la fin du
long cauchemar ! La France tout entière revint à
la vie. Quant au grand soldat de la résistance active
que fut GastonHECHES, il pouvait porter la tête haute
! Ses brillants états de service furent sanctionnés
par deux très belles citations qui lui valurent l'
attribution de la médaille de la Résistance
Française, la King' s Médal du Gouvernement
Anglais et la médaille of Freedom du gouvernement Américain.
Tout autre que lui aurait pu croire alors sa mission terminée.
Il n' en fut rien pour notre ami. Se voyant confiné
dans son appartement par un mal qui n' en finissait pas de
grandir, le faisant souffrir moralement plus encore que physiquement,
rassemblant toute l'énergie et le coeur dont il était
encore capable, il se fit le Chantre de la Résistance
en Bigorre. Dès 1946, il fit paraître un recueil
d' histoires vécues par des résistants Bigourdans
intitlé : "Les Compagnons du Gastounet".
Puis il se mit à écrire des poèmes à
la gloire de la Résistance en général
et celle de la Bigorre en particulier. Enfin, il se fit un
Devoir et une joie d' informer la Jeunesse sur ce que fut
la Résistance dans son esprit et dans ses activités.
Ce qui valut à une élève du Lycée
Marie Curie d' être lauréate d' un concours National
traitant de ce sujet. Voici, résumé, ce qu'
il écrivait parlant de ces jeunes, avides de connaître
les tenants et aboutissants de cette glorieuse Epopée
et que j' ai relevé dans cet autre recueil qu'il avait
intitulé "Album des souvenirs" ....
"J'ai eu, écrit-il, la bonne fortune, ces jours-ci,
de recevoir chez moi quelques éléves de deux
grandes écoles de Tarbes. Ils avaient à traiter
un sujet sur la Résistance. Inutile de dire combien
j' ai été touché de cette confiance qu'
ils ont mise en moi. J' ai donc essayé de leur faire
une honnête narration. On a tellement écrit,
brodé même sur ce sujet, qu' il s' avère
que les imaginations ont été des plus fertiles
en beaucoup de circonstances, aussi, je leur donnerai, très
sobrement, sans fioritures, en essayant toutefois de retrouver
les choses dans leur vraie chronologie. Qu' on veuille bien
m' excuser si je commets quelques erreurs ou omissions !
"Brave et honnête Gaston, ô combien peiné
de voir ce qu' il était advenu de la Résistance
et de ses meilleurs soldats dans les années qui suivirent
la Libération ! Lui qui en avait tellement idéalisé
le Devenir ! Mais déjà, et dans le même
album de souvenirs, n' avait-il pas préfiguré
son destin lorsqu' il écrivait, je cite :
"Plus tard, beaucoup plus tard, et si Dieu le permet,
Usé par les douleurs et aussi par les ans,
Racontant aux petits ce combat que j' aimais,
Combat bien inégal d' un David au Titan
Je leur montrerai, des hommes, la misère,
Qui, trop souvent, fait pleurer tant de mères"!
Mon bien cher "Tristan", le moment est maintenant
venu de nous dire, cette fois, le dernier Adieu ! Je le fais
au nom de tous tes amis, ceux de "la nuit la plus longue"
et de tous les autres, de la Jeunesse également que
je souhaite ardemment voir suivre ton exemple fait d' amitié,
de générosité et d' Amour de la Patrie.
Mais ce dernier Adieu ne sera pas sans écho, car avec
le poète, tous unis autour de ta chère dépouille,
nous sentons bien qu' :
"Il germe en notre âme une fleur immortelle
Que le souffle du vent ne pourra jamais ternir.
Cette fleur est simple, suave et belle !
Elle se nomme : Le souvenir ! "
Adieu Gaston HECHES, Adieu "Tristan" ! Nous présentons
à ta chèreépouse, à tes chers
enfants et petits enfants, à tous le tiens, l' expression
affectueuse de nos condoléances les plus vives.
Discours du Général POTTIER
lors des obséques de Gaston HECHES
:
Remise médaille militaire par le
général Faulconnier
:
Article Nouvelle République du 21-06-1969
:
Article Nouvelle République du 21-09-1969
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