ORIGINE
DU MOT LA SEDE
I
SIGNIFICATION DE LA DENOMINATION " CIMETIERE
DE LA SEDE "
Le mot " Séde " est un héritage de la colonisation
de la gaule par les romains dont le latin était la langue
officielle imposée dès la fin de la conquête de la péninsule
(89 avant J.C) à toutes les provinces conquises par la suite
: une province est un territoire conquis hors d'Italie et
assujetti aux lois romaines.
C'est dans la vaste province d'Aquitaine allant de la Loire
aux Pyrénées que se situe la future Bigorre, romanisée : donc
l'aristocratie des Bigerions (bigourdans) parlait et écrivait
en latin.
1-Origine du mot :
Il provient du mot latin (féminin) sedes, prononcé en latin
sédess ; le latin ignore les accents caractéristiques du français.
Traduction en français : siège, mot masculin. Le mot sedes
provient du verbe latin sedeo-sedere qui signifie s'asseoir,
être assis, siéger pour un magistrat. Cette précision nous
met sur la voie du rôle de la sedes dans la société romaine.
2- Son rôle :
Dés l'antiquité romaine, sous la république (509-527 avant
J-C ) elle est le symbole d'une très haute fonction détenue
par son occupant : seuls les hauts magistrats appelés " édiles
curules " avaient droit à un siége d'ivoire appelé " la chaise
curule ". La SEDES est le symbole du pouvoir.
3- Son aspect fait comprendre
le rang social :
Etant surélevée par des marches, elle indique une position
dominante ; elle a un haut dossier et des accoudoirs. C'est
une œuvre d'art dont la matière de la sculpture, la richesse
et les jeux des matériaux d'ornementation soulignent encore
la différence sociale aux yeux des personnes qui restent debout
(le public) par déférence.
II
LA SEDES EPISCOPALE SE SUBSTITUE
A LA SEDES ROMAINE ET LA PERSISTANCE DU MOT LATIN SEDES AU
XXI SIECLE DANS LES HAUTES-PYRENEES.
D'une part l'Empire romain est attaqué par
plusieurs invasions barbares entre le 2° et le 5° siècle de
notre ère, et, d'autre part, la religion chrétienne a nettement
progressé au 5 siècle.
1-Grandeur et décadence de
l' immense empire romain:
L'empereur Auguste a été un grand organisateur pour gouverner
et administrer et aussi un grand conquérant en Europe; il
a porté les limites de son empire jusqu'au Danube. Trajan
(empereur de 98 à 117 après J.C) a continué les conquêtes.
Après avoir consolidé la frontière sur le Danube, il porte
les limites de l'empire au-delà de l'Europe jusqu'en Asie,
au Caucase, en Mésopotamie et même en Arabie à l'extrémité
ouest du Caucasse. L'histoire nous apprend que les vastes
empires sont envahis à leur tour par d'autres conquérants
et se disloquent. Tel a été le cas de l'empire romain occidental
: à la fin du V° siècle c'est la déroute totale pour les armées
romaines défaites par plusieurs invasions barbares répétées
: les Germains, les Goths, les Wisigoths déferlent jusqu'en
pays de Bigorre. C'est la fin du pouvoir romain, donc la fin
du symbole de ce pouvoir : la sedes.
2- Le rôle de la " sedes
" dans la religion chrétienne :
Elle est le symbole de la charge apostolique de l'évêque dans
son diocèse. Il a fallu attendre l'an 506 en pays de Bigorre
pour avoir un " évêque de Bigorre " : il n'avait pas de sedes
puisqu'il n'avait pas de résidence fixe en Bigorre.
A - La
progression de la religion chrétienne dans les possessions
romaines a été très lente jusqu'à l'édit de Milan en 313.
Jésus-Christ dès l'an 30 de l'ère chrétienne
a envoyé en mission de prédication de l'évangile ses douze
apôtres et quelques disciples; leur point de départ étant
la Palestine. Mais il y a eu la religion polythéiste romaine
et la religion chrétienne monothéiste : les romains savaient
que toute religion d'Etat (officielle) était un facteur de
cohésion sociale dans une société. Or l'église primitive chrétienne
s'était formée par de petites communautés de chrétiens qui
refusaient d' honorer les dieux du Panthéon "romain", ce qui
les rendaient séditieux aux yeux des Romains qui imposaient
le martyr aux insoumis. Les chrétiens devaient se cacher pour
célébrer les cérémonies du culte et recevoir les sacrements
au péril de leur vie (en termes anachroniques c'était des
"chrétiens de l'ombre").
B - L'empereur Constantin,
fils de Sainte Hélène, établit la liberté religieuse par l'édit
de Milan en 313 et, de plus, il vit dans les chrétiens un
soutien pour son empire. L'église a désormais le droit de
se rendre visible en plaçant des évêques dans les diocèses.
Mais il semble qu'il a fallu la fin de l'empire romain d'occident
pour que l'évêque place sa sedes dans sa cathédrale.
L'empereur Dioclétien (proclamé empereur en 284 régna jusqu'en
305) était un grand administrateur et aussi un grand persécuteur
des chrétiens. Il avait divisé l'empire en diocèse. Le diocèse
est une circonscription administrative placée sous l'autorité
d'un gouverneur.
Il avait créé la fonction de " vicaire " chargé de surveiller
les gouverneurs. L'administration ecclésiale (de l'église)
s'inspire de l'administration civile de Dioclétien pour organiser
sa propre administration dans le domaine spirituel.
Elle est hiérarchique :
a) à la tête le pape qui se fait aider par
les évêques
b) les évêques :
Ce sont des prêtres qui ont reçu la charge de la conduite
d'un diocèse en raison de leurs qualités de pasteur : c'est-à-dire
de guide responsable des âmes, comme le bon pasteur de la
parabole des évangiles qui retrouve et sauve la brebis qui
s'était perdue. L'évêque est un " notable " dans son diocèse.
c) il se fait aider par les
prêtes diocésains dans le domaine spirituel.
Lesquels dans leurs églises se font aider par les diacres
(1) chargés de la distribution des aumônes, des soins infirmiers,
des divers besoins de la communauté ; aujourd'hui l'Eglise
ordonne des diacres qui lisent l'évangile à la messe, et prononcent
des homélies (2) pour éclairer les fidèles sur le sens de
cette lecture, ou instruisent les laïques, ou organisent des
réunions de prières…..
(1) est un clerc qui a reçu un ordre majeur
au dessous des prêtres
(2) explication d'un passage de l'évangile
L'église a gardé au cours des siècles la
langue latine qui assure la communication entre les nations
européennes, cela explique la persistance du mot séde même
sous le 1er empire : quand le préfet des Hautes-Pyrénées a
sollicité de Napoleon Ier, Empereur des Français et roi d'Italie
la création du cimetière de la Séde.
Les humanistes de la Renaissance échangeaient
en latin leurs connaissances dans tous les domaines ; il en
était de même au XVIII° siècle, les auteurs de l'encyclopédie
la pratiquait aussi ; et nous lisons encore des mots latins
de la botanique. Des mots utilisés pour désigner des plantes
et fleurs aux vertus curatives ou ornementales.
Les actes (1) de la religion chrétienne élaborés par le Saint
Siège à Rome sont aussi rédigés en latin. Cela explique la
pertinence du mot Séde même sous le premier Empire.
(1) l'acte est un mot employé par le Droit de l'église
: pièce écrite qui constate un fait, expose des règles de
conduite, les dogmes établis comme une vérité incontestable
(les points de doctrine) ; par exemple les Actes du concile
Vatican II.
En Bigorre l'évangélisation a été tardive
: en 350 le prêtre Justin est venu du diocèse d'Eauze (dont
l'évêque avait droit à la Sedes) à Tarbes pour porter l'évangile
jusqu'en 419. Il est le premier pasteur connu de l'église
de Tarbes, mais il n'était pas évêque comme un vitrail de
la Séde (c'est-à-dire la cathédrale) pourrait le faire croire
car il porte les attributs épiscopaux, une église sur un bras,
la crosse dans la main droite.
Après lui deux autres prêtes ont vécu à Tarbes : Misselin
(appelé en langue vulgaire Mesilin) aurait délivré Tarbes
des barbares, et on se heurte à l'absence d'archives pour
connaître la liste des évêques du diocèse de Tarbes jusqu'en
965 à cause des violentes destructions guerrières.
La Bigorre a été ravagée au VII° siècle et au VIII° siècle
par les Arabes venus d'Espagne jusqu'à Poitiers où ils furent
arrêtés par Charles Martel en 742. Elle a été aussi ravagée
à plusieurs reprises par les Normands au VIII° siècle et au
IX° siècle .
La ville de Tarbes et la cathédrale furent détruites comme
d'autres villes et églises. Les évêques avaient fui. Le concile
de Toulouse de 1068 a adjuré aux évêques de rejoindre les
sièges épiscopaux et de restaurer les églises. Avant la fin
du XIV° siècle l'évêque de Tarbes avait relevé l'église Sainte
Marie de la Séde de Tarbes dénommée aussi " l'église Sainte-Marie
de Bigorre ".
La liste des évêques du diocèse de Tarbes compte donc 77 trônes
épiscopaux fin 2004. L'évêque doit avoir une église paroissiale
: celle où, entouré des fidèles, il célèbre solennellement
les grandes fêtes du culte et donne les sacrements. C'est
dans cette église que se trouve son siège pontifical, c'est-à-dire
sa sedes ou son trône. C'est l'église cathédrale (1). Ce trône
est surélevé, placé au fond de l'abside et en face du chœur,
placé sur ce trône il voit tous ses fidèles et il est vu d'eux.
(1) traduction du mot grec cathedra, signifiant
siège. La cathédrale signifie l'église du siège. Sedes est
synonyme de siège.
ANNEXE
Le latin ne connaît pas nos accents :
la lettre " e " est prononcée " é ". Il n'emploie pas toutes
nos prépositions pour donner une fonction à un mot : les mots
se déclinent. Le mot est composé d'un radical invariable et
d'une désinence qui varie en fonction suivant le cas, au singulier
et au pluriel : cette variation est la déclinaison. Le latin
en compte cinq.
Déclinaison de SEDES au singulier :
Radical SED + désinence variable
Cas nominatif (le sujet du verbe) SED es : le siège
Cas vocatif (appel ou interpellation) SED es : ô siège
Cas génitif (complément du nom) SED ei : du siège
Cas accusatif (complément d'objet direct) SED em : j'ai un
siège
Cas datif (complément d'attribution) SED ei : au siège
Cas ablatif (complément circonstanciel exprimant l'éloignement,
l'origine, la séparation) SED e : du siège.
Dans l'appellation " cimetière de la Séde " la préposition
" de " signifie la provenance, l'origine et régit le cas ablatif.
Ce qui donne en français : provenant de l'église du siège
(épiscopal)
Quand le préfet des Hautes Pyrénées a demandé à Napoléon Ier
l'autorisation de créer le " cimetière de la Séde " dans un
autre local il n'a pas su adapter la formule de la Séde car
la Sedes de Bigorre était Sedes vacante : siège vacant non
pourvu.
En effet par le concordat de 1801 Bonaparte reconnaissait
que l'église catholique était la religion de la majorité des
français, mais il avait supprimé des diocèses par mesure d'économie.
Les diocèses de Tarbes, Aire et Dax ont été donnés au diocèse
de Bayonne. Le trône épiscopal étant alors Bayonne on a dû
placer une tenture noire sur celui de Tarbes, Aire, et de
Dax…….. Tarbes a retrouvé le trône épiscopal sous la Restauration.
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